PROCHAINE REUNION DE L'ASSEMBLEE CITOYENNE LE VENDREDI 26 JANVIER 2018 A FABREGUES A 19 HEURES
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Serge Paugam : « Le regard des riches sur les pauvres signale un danger pour nos sociétés »

entretien réalisé par Lucie Fougeron

Jeudi, 28 Décembre, 2017

Humanité Dimanche

Ce que les riches pensent des pauvres : cet intitulé, faussement anodin, recouvre une vaste et novatrice enquête sociologique. Dans le contexte de la concentration croissante des richesses et de l’aggravation des inégalités, les travaux sur la pauvreté et ceux sur les catégories supérieures ne s’étaient pas encore croisés. 

C’est à l’exploration de ce lien qu’est consacrée l’enquête comparative menée par les sociologues Serge Paugam, Bruno Cousin, Camila Giorgetti et Jules Naudet. Ils ont interrogé les riches des beaux quartiers de trois métropoles – en France, au Brésil et en Inde – pour analyser leur perception des pauvres et des inégalités. Et, partant, leur vision de la société en régimes démocratiques, à l’heure de la globalisation. Entretien avec Serge Paugam, directeur de recherche au CNRS et directeur d’études à l’EHESS.

HD. Pourquoi consacrer aujourd’hui une enquête sociologique à « ce que les riches pensent des pauvres », et la mener à Paris, São Paulo et Delhi ?

Serge Paugam. Dans de nombreuses métropoles on constate une augmentation de la ségrégation spatiale du fait de la concentration de la richesse dans certains espaces : les riches vivent dans des territoires de plus en plus repliés sur eux-mêmes, coupés des autres couches de la population. Au-delà d’un processus d’agrégation affinitaire déjà bien renseigné, cela ne correspondrait-il pas aussi à une attitude de distanciation à l’égard des catégories les plus défavorisées, aboutissant à une ségrégation discriminante ? Nous avons alors choisi d’explorer le rapport à l’altérité dans ces quartiers. En nous demandant aussi si perdurait l’identification montrée par Louis Chevalier des « classes laborieuses » à des « classes dangereuses » par l’élite bourgeoise de la France du XIXe siècle, et qui fondait leur mise à distance. Pour cela, étudier non seulement la métropole parisienne, mais aussi des métropoles de pays émergents, où les inégalités sont encore plus fortes, est intéressant : la richesse y est très concentrée, la globalisation les conduit à une certaine uniformisation, ce sont des métropoles mondiales et elles connaissent des flux importants de migrations.

HD. Quelle vision des pauvres les riches de ces trois métropoles ont-ils en partage ?

Serge Paugam. A partir des entretiens qui y ont été menés, la méthode comparative a permis d’observer, sur la base de ce qui est récurrent chez les riches des quartiers les plus exclusifs, comment se construit le processus de stigmatisation des pauvres et de leur discrimination. A partir de questions sur le choix du quartier, la façon dont elles y vivent, etc., ces personnes ont en fait abordé d’elles-mêmes ce qui les distingue de ceux qui vivent dans les autres quartiers et, à partir de là, la représentation qu’elles ont des pauvres.

Apparaît tout d’abord la production d’une « frontière morale » : les interviewés sont persuadés d’être porteurs d’une supériorité morale, à préserver de toute contamination pouvant venir du contact avec les autres couches sociales, qui sont donc à mettre à distance. Leur quartier auto-ségrégué constitue cette protection. Ainsi, quand la mairie de Paris a décidé d’implanter un centre d’hébergement pour des SDF et des réfugiés à la lisière du XVIe arrondissement, cette angoisse du contact a violemment ressurgi.

Second élément récurrent : la répulsion physique. Elle est d’abord liée à  l’insécurité : à São Paulo et à Delhi, cette angoisse sécuritaire conduit à vivre dans des condominiums ultra sécurisés interdisant toute intrusion, à craindre les déplacements en voiture et à sélectionner les lieux où se rendre. Si les riches parisiens éprouvent également ce sentiment d’insécurité, il reste toutefois moins intense. La répulsion renvoie aussi à la peur d’être contaminé par le contact du corps du pauvre, porteur de maladies, etc. A São Paulo et à Delhi, ces riches ne prennent pas les transports en commun, ne touchent pas le mobilier dans les lieux publics… Ils expriment un profond dégoût à l’égard des pauvres, de leur apparence, etc., et n’évoquent jamais la possibilité de politiques pour changer les conditions de vie dans les bidonvilles.

En France, on n’en est pas à ce niveau de répulsion, mais la racialisation est frappante chez ces élites pourtant dotées d’un art du contrôle social. La menace est celle des pauvres venus d’ailleurs, soupçonnés de manquement « culturel » aux savoirs élémentaires d’hygiène : les Roms, les réfugiés... La saleté des quartiers est associée à un comportement jugé non civilisé de « certains » types de populations.

HD. Dans ces situations d’inégalités criantes, comment la représentation qu’ont ces riches des pauvres s’articule-t-elle avec leur perception d’eux-mêmes?

Serge Paugam. Cela les amène au besoin de justifier leurs privilèges, qui passe par la justification du sort des autres, et donc de ces écarts. On remarque alors deux tendances. Les pauvres sont perçus comme n’ayant d’autre destin du fait de différences d’aptitudes, quasi génétiques, et ce ne sont pas des programmes sociaux qui pourront changer leur sort. C’est la naturalisation de la pauvreté et des inégalités, qui est une évidence pour les interviewés de Delhi : les classes inférieures constituent une humanité différente. 

En France, les riches tiennent compte de l’imprégnation des principes républicains, de ce qu’ont pu apporter la société salariale et les programmes sociaux au bien-être de la population. Mais s’ils reconnaissent des déterminismes sociaux, ils recourent, en la dévoyant, à l’idée du mérite comme justification des privilèges : les riches sont riches parce qu’ils ont… plus de mérites que les autres, faisant fi de ce qui relève largement d’inégalités sociales. Le terme « injustice » n’est jamais prononcé. 

HD. Peut-on voir dans ces entretiens l’empreinte d’un discours néolibéral globalisé ?

Serge Paugam.  Dans les trois métropoles reviennent les mérites vantés par le néolibéralisme : prise d’initiative et de risque, responsabilité individuelle à laquelle est liée la valorisation du mérite, au détriment de la responsabilité sociale. A ceux qui ne réussissent pas, on attribue des comportements paresseux, une incapacité à faire les bons choix, etc. A Delhi et à São Paulo, ces arguments s’ajoutent à ceux de la naturalisation : ils sont compatibles. On observe ainsi une convergence idéologique néolibérale.  Je constate d’ailleurs dans la société française que  la richesse est de plus en plus valorisée en tant que telle comme idéal de réalisation de soi. Le problème de ce discours décomplexé est qu’il s’accompagne très souvent d’un mépris à l’égard des pauvres et d’une justification idéologique de leurs échecs ou de leurs malheurs.

HD.  Les résultats de votre enquête interrogent frontalement la notion de solidarité… Quelles conséquences en tirez-vous ?

Serge Paugam. Dans les pays très inégalitaires, les riches s’organisent entre eux, les pauvres survivent entre eux, les liens s’expriment en termes d’utilisation des services des seconds par les premiers. La comparaison entre ces trois métropoles montre que dans une société salariale comme la nôtre, où il y a eu des conquêtes sociales, où on a appris que la solidarité nationale est un effort de chacun pour faire face aux aléas de la vie à travers des systèmes de protection au profit de l’ensemble du corps social, les risques de fragmentation sociale sont de plus en plus visibles. Ce qui faisait tenir ensemble des individus au sein d’une société démocratique et ouverte à tous s’affaiblit au profit de solidarités organisées à l’intérieur de groupes restreints. C’est tout à la fois la mixité sociale, la notion d’espace public, la confiance mutuelle qui risquent d’être emportés par ce processus. Cette logique d’entre-soi progresse et est terriblement menaçante, elle interroge le potentiel de cohésion de nos sociétés. C’est ce que montre l’écart entre le besoin de se considérer comme des citoyens solidaires les uns des autres et cette réalité que nous dévoilons – là réside la dimension critique du travail sociologique – et analysons.

POUR EN SAVOIR PLUS

Ce que les riches pensent des pauvres, de Serge Paugam, Bruno Cousin, Camila Giorgetti, Jules Naudet, éditions du Seuil, 2017, 352 pages, 23 euros.

 

 

Si les inégalités sont désormais reconnues comme « risque mondial » jusque dans les plus hautes sphères de décideurs – à l’instar du Forum de Davos en 2017 –, apprendre la façon dont les élites les envisagent vraiment est un questionnement original. Cette enquête sociologique en est une première étude, fructueuse. Fondée sur une démarche scientifique – dont la méthodologie est précisément exposée, rappelant utilement ce qu’est le travail sociologique –, elle aboutit, à partir d’entretiens approfondis menés dans trois métropoles mondiales, à établir des invariants dans les perceptions de la pauvreté qu’ont les riches refusant la mixité résidentielle, défendant âprement la frontière de classe. À l’heure du néolibéralisme globalisé, leur convergence idéologique dans la justification des inégalités vient percuter le principe de solidarité au cœur de la citoyenneté dans les sociétés démocratiques. Ces entretiens et leur analyse dévoilent une réalité qui tend à progresser dans nos sociétés et les menacer. Aux acteurs du débat public de s’en saisir.

Lucie Fougeron

Chroniques Latines

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Jeudi, 28 Décembre, 2017 - 10:24

La rêvolution, camarades

Révolution, rêvolution, ce n’est pas qu’une question d’accent circonflexe. Le rêve, l’utopie, recèlent une force propulsive, comme de « grands récits » et de grands moments de notre histoire l’ont prouvé. Guevara ne rejetait pas le « romantisme révolutionnaire » ; il en faisait au contraire l’un des moteurs de la révolution.

Sans rêve, l’avenir est obéré : no futur. L’utopie et son frère presque jumeau, le rêve, détiennent une fonction de mobilisation activable à tout moment, inépuisable tant qu’ils restent l’étoile pour des millions d’hommes et de femmes, comme la magie existe tant que les enfants y croient ; une fonction à la fois de critique notamment sociale, d’horizon alternatif. La critique du système exige le rêve, l’utopie, tout comme le rêve et l’utopie portent en eux la critique d’un système, le capitalisme, dont les dégâts posent la question même de la révolution, du communisme. Ne vaut-il pas mieux rêver ensemble que se désespérer seul ? Le père Hugo , prophétique, écrivait: « l’utopie, c’est la vérité de demain ». Sans le rêve et l’utopie, il ne reste que l’impossible gestion d’un capitalisme capable en fait de récupérer même ceux qui croient pouvoir en atténuer les effets, qui « l’humaniser », qui le « verdir »...

 

La révolution demeure à l’ordre du jour, y compris anthropologiquement. Elle est absolument nécessaire, toujours valide, plus urgente que jamais. Comment, alors, la rendre possible ? D’abord, en appelant un chat un chat, la révolution révolution : en reconquérant les concepts et la sémantique, en invalidant le méticuleux travail de sape des « voleurs de mots », des organisateurs du consentement, de la passivité, du contrôle social, de l’acceptation par défaut... Et aussi, en adoptant un projet politique de rupture. La critique du capitalisme a repris des couleurs, notamment en Amérique latine ; il est illusoire de croire que l’on pourrait se contenter de « réguler » le capitalisme sans toucher au coeur du système : le capital, la finance, les rapports de production, de propriété... La gueule de bois de nombreux militants est à la mesure des désillusions successives (et l’on aurait tort de les imputer seulement à d’autres), à la mesure des espoirs frustrés. Réactiver l’utopie, c’est réactiver la lutte des classes, qui pour les dominants n’a jamais cessé. Il convient de répondre plus radicalement à la demande de politique, d’intégrer des problématiques nouvelles, de redéfinir certains concepts, notamment ceux de progrès, d’écologie, de production, de travail, de consommation... , de réintégrer l’individualité comme levier de la révolution, une obsession du Che. L’homme et la femme doivent se transformer en transformant le monde, dans le même mouvement d’émancipation, sinon, ajoutait-il, le socialisme et la révolution ne valent rien. Aucune histoire, n’ayons de cesse de le rappeler, n’est prédéterminée. S’il n’y a pas de socialisme sans socialisation des secteurs clés de l’économie, de la banque, qui deviennent en quelque sorte des biens communs, rien de vraiment nouveau n’est réalisable, désirable. A condition d’intégrer également une pédagogie du bien commun, tout en engageant des logiques d’intérêt collectif, pour affronter la privatisation de l’espace public par le capitalisme, les multiples souffrances, et mutilations (etc.), engendrées par le modèle dominant actuel.

 

Ainsi conçu, le rêve concret, rebelle, communiste, est bien plus qu’un rêve, qu’un idéal. Il devient un mouvement libérateur, une éthique sociale et politique, humaine. Capable, en quelques mots, de changer la mesure du monde, de le remettre à l’endroit, de rompre avec les moules dominants. L’idée que le monde dans lequel nous vivons est inacceptable est, me semble-t-il, majoritaire. Mais pourquoi avons-nous alors tant de mal à faire partager des alternatives, à avoir le courage de les nommer vraiment, à retrouver crédibilité, lisibilité, différence ? La police de la pensée matraque en permanence qu’il n’y a pas d’alternative possible au système ; tout, pourtant, prouve le contraire. La pauvreté, se fatigue à répéter Jean Ziegler, est un crime délibérément organisé.

 

Les luttes créent du politique. Même perdues, elles ne sont jamais vaines. Elles entretiennent la colère, l’espoir, le refus de la fatalité, la créativité... Un proverbe vietnamien dit en substance : lorsque tu as un problème et que tu ne fais rien, tu es au coeur du problème. De la convergence des luttes peut émerger la concrétisation de l’idéal qui nous porte. Et qui vaut, malgré tous les malgré, la peine d’y consacrer une vie.

 

Jean Ortiz, universitaire communiste.

Chroniques Latines

Jean Ortiz

Dimanche, 24 Décembre, 2017 - 09:42 (L'Humanité.fr)

Bonnes fêtes, Monsieur le président Macron, le sauveur de la France !

Joyeuses fêtes, Monsieur « le plus jeune président... ». Vous avez fait, pour l'heure, un parcours sans faute et les sondages en témoignent. Vos soutiens rothchildiens et autres nécessiteux, aussi.

Votre clairvoyance n’a d’égale que celle de M’me Thatcher jadis : il faut que les peuples en bavent pour qu’un jour ils salivent de bien-être.

Vous avez supprimé un marqueur « de gauche », l’impôt sur les grandes fortunes et diminué l’APL, cette niche pour assistés. C’est vous tout craché !

 

Vous avez imposé à des syndicats « néandertaux », rigides, archaïques, encore accrochés à la vieille lune de la « lutte des classes », une loi travail qui, enfin moderne, permettra de mettre un terme à l’aliénation des patrons, de les libérer de l’insupportable oppression ouvrière et salariée... Ils pourront désormais embaucher et licencier pour réaliser des profits mérités, et finir leur repas aux profiteroles. Bonnes fêtes, Monsieur le président. Grâce à vous, boucler les fins de mois ne sera plus l’angoissante obsession des « premiers de cordée ».

 

Bien vu, seule une société dûment inégalitaire est en capacité de créer durablement des emplois. L’inégalité relève d’une loi naturelle, la pauvreté tombe du ciel, le capitalisme est l’état ordinaire des sociétés humaines. Sans pauvres, nul riche ! C’est donc tout à votre honneur de leur permettre de rester bien pauvres, voire de plus en plus pauvres. Et c’est leur rendre service que de ne jamais leur donner les moyens de se payer 6 voitures et 3 motos, de ne jamais avoir la possibilité de profiter de voyages long courrier (Paris-Tokyo, par exemple), aux frais de la princesse.

 

Avec votre « bouille » de premier de la classe, votre élégance naturelle, votre connivence populaire, vous ne pouviez qu’être copain comme cochon avec le grand humaniste D. Trump, et ses acolytes israéliens. Furieux, vous lui avez demandé de faire un geste envers les Palestiniens. La demande était si sincère, si appuyée, qu’il s’est exécuté immédiatement. Par contre, vos voyages officiels ne vous ont jamais menés à Tegucigalpa, où la démocratie y est pourtant absolument modélique.

 

Grâce à vous, l’armée française combat sur tous les fronts, pour défendre nos frontières avec l’Afrique. Vous avez ennobli l’Université, reléguant les fils de bouseux à ses portes, ou les obligeant à les franchir après un long marathon olympique.

 

Vous, vous tenez vraiment vos promesses ; vous êtes un sacré politique, Emmanuel. Vous aimez le peuple des people, le seul vrai. Vous savez nous protéger des migrants, ces barbares assoiffés de notre travail, venant voler notre pain. Aragon disait quelque chose comme : c’est avec les jeunes arrogants que l’on fait les vieux condescendants.

 

Vous, vous savez appeler un chat par la queue ; vous avez raison de souligner que votre maîtrise de la langue française vous rend convaincant, cachant en fin sophiste les plus grosses ficelles. Et peu importe si vous mentez ! Vous le faites si bien.

 

Bonnes fêtes, Monsieur le pré sident, et revenez-nous avec de bonnes résolutions médéfiennes, ou médéfistes, comme vous voudrez.

 

Bien au garde à vous,

 

Publié le 22/12/17 (l'Humanité.fr)

Palestine: Pour un large mouvement de solidarité populaire internationale, à signer et faire signer d'urgence la pétition 2 Peuples 2 Etats

L'annonce du président américain Donald Trump, le 6 décembre dernier, de reconnaitre unilatéralement Jérusalem comme capitale d'Israël a pour objectif de mettre un point final à tout espoir d'une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens, fondée sur l'application des résolutions de l'ONU d'une solution à deux États et un processus de négociations sous égide multilatérale.

 

Ce 18 décembre les États-Unis ont opposé leur veto au Conseil de sécurité à une résolution condamnant leur reconnaissance unilatérale du 6 décembre mais c'est à la pression d'un très large mouvement de solidarité populaire internationale pour une solution politique pacifique respectueuse des droits humains et du droit international qu'ils seront contraints de reculer.



Pour cela, nous t'invitons à signer et faire signer autour de toi la pétition électronique : www.2peuples2etats.fr
 adressée dans un premier temps à Emmanuel Macron pour que notre pays donne ce signal en reconnaissant sans plus attendre l’État de Palestine dans les frontières de 1967 et avec Jérusalem-Est pour capitale

 

 

Publié le 20/12/17

Bonjour à tous,

A notre coordination de vendredi dernier chez Thierry, nous avons décidé d'organiser une réunion de notre Assemblée Citoyenne fin janvier.

Une salle a donc été réservée à Fabrègues pour le vendredi 26 janvier, l'heure sera à préciser (nous disposons de la salle entre 18 et 23h).

Nous avons pensé qu'il était temps de relancer l'activité de l'Assemblée Citoyenne après l'année électorale qui a été un peu difficile à vivre et face aux offensives tous azimuts de ce gouvernement de classe. La réunion grillade du 1° juillet, la réunion de l'AC de septembre et notre petite campagne contre les ordonnances Macron (tracts et affiches) ont été les prémices de notre nécessaire réveil. Il faut maintenant enclencher la seconde.

Nous avons envisagé 2 axes principaux pour des discussions dans l'AC et des actions en direction de la population :

- la question du travail : sans le travail humain et l'investissement personnel qu'il nécessite rien ne peut se faire dans la société ; des initiatives sur ce thème pourraient être prises en coopération avec des syndicalistes d'entreprises de notre secteur.

- urbanisme et eau : les inondations sont aujourd'hui très présentes, dans nos vies, dans les médias et les conseils municipaux ; petits et grands cours d'eau, étangs et submersion marine sont montrés du doigt, l'objet de débats et de plans de toutes sortes ; mais nous, simples habitants des zones concernées, comprenons-nous bien ce qui se passe ?

En plus de ces 2 axes, nous n'avons pas abandonné l'idée de faire quelque chose autour de la question de l'argent, et/ou de la répartition des richesses, et/ou de la fiscalité, et/ou des dépenses publiques, ... ; cela pourrait prendre la forme d'une campagne (tracts, affiches) avec en point d'orgue une réunion publique par exemple avec les Pinçon-Charlot que nous continuons à chercher à joindre.

On précisera tous ces points dans la convocation à cette AC du 26 janvier.

 

Lors de la Coord de vendredi dernier, nous avons aussi parlé du très intéressant rapport sur les inégalités mondiales de revenu et de patrimoine, écrit par un groupe d'économistes dont Piketty. Si vous voulez en savoir plus voici 2 présentations du rapport :

   http://www.le-chiffon-rouge-morlaix.fr/2017/12/au-coeur-des-inegalites-la-fin-des-politiques-publiques-martine-orange-mediapart-15-decembre-2017.html

   https://www.humanite.fr/economie-comment-les-inegalites-se-creusent-647391

si vous voulez lire le résumé du rapport en français :       http://wir2018.wid.world/files/download/wir2018-summary-french.pdf

 

     Bonne fêtes à tous

Pour la coordination,

Bernard DELORD

 

Publié le 19/12/17 (site La Maseillaise)

Signez l'appel du 18 décembre pour que Vive la Marseillaise

Nous publions un appel pour que "la Marseillaise" vive et se développe. Et invitons à le signer largement. Car 74 ans après sa naissance, dans la nuit noire, le dernier journal progressiste du sud est menacé. Il doit pouvoir poursuivre sa route. 

http://www.lamarseillaise.fr/component/k2/66116-signez-l-appel-du-18-decembre-pour-que-vive-la-marseillaise

Chroniques Latines

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Les chroniques Latines de Jean Ortiz portent un regard loin des clichés sur les luttes de libération du continent sud-américains... Toujours un oeil vif sur l'Espagne et les enjeux sous-jacents du quotidien...

Jean Ortiz

Samedi, 16 Décembre, 2017 - 08:58

Millas : la fatalité ? l’erreur humaine ?

La fatalité ? L’erreur humaine ? La tragédie de Millas échapperait à toute dimension politique.

On peut aujourd’hui traverser la France en ligne ferrée à très grande vitesse (cajolée, désirée par la plupart des élus, des partis), en quelques heures. De Paris, le « centre », vers le sud, pour ne prendre que cet exemple. Toujours plus vite, toujours plus pressé, concurrentiel, dans un monde de dingues moins dingues cependant qu’il n’y paraît. Toujours plus vite au service du capital, du profit, de la circulation des marchandises, d’une économie qui broie l’homme, qui le sacrifie au marché...

 

Osons dire que nous voulons aller moins vite, que ce qui nous importe c’est la lenteur de qualité, partagée, autogérée, le service public partout, en bon état, (et pourquoi pas gratuit ?), la sécurisation des parcours, des installations, un maillage préservé et même renforcé, l’amélioration et l’ouverture de nouvelles lignes transversales, le « petit train » (la « micheline », « l’autorail ») dans les villages, un réseau bien entretenu par les personnels en nombre nécessaire, laissé aujourd’hui, selon les agents, quasiment à l’abandon.

 

Et au diable la rentabilité, en termes capitalistes ou faussement « humains » !! Osons l’éloge de la lenteur ! Un service public n’est pas fait pour être « rentable ». « Rentable » pour qui ? Sur quels critères ? La vitesse ? Pour qui ? pour quoi ? au bénéfice de qui ? Pour, et dans, quel type de société ?

 

Leur vitesse, on s’en bat les coquillettes. Comment peut-on trouver des millions pour les LGV et maintenir en l’état des passages à niveau de nationales, de départementales, de routes communales, vieillis, voire reconnus « dangereux ». Ces choix sont éminemment politiques. On déménage le territoire vers les grands « pôles », les centres économiques géants.

 

D’ailleurs, la bagarre politico-médiatique qui indécemment oppose -déjà- la direction de la SNCF, ses avocats, ses gros moyens, et la société de bus, illustre bien notre propos ; elle relève de l’indécence absolue. Qu’ils attendent au moins que le sang sèche, que les enquêteurs, les experts, fassent leur travail. Mais le fric n’attend pas, il piaffe, il verrouille, il se protège. L’éthique, la pudeur, la dignité, il s’en contrebalance. Pas touche au fric. Point et tant pis pour la ligne. Combien de contrôleurs aujourd’hui dans les trains, combien d’agents aux guichets, sur les voies ?

 

Oui, on a les moyens de sécuriser davantage, voire de supprimer, des passages à niveau vieillis, souvent dangereux. Il faut pour cela que l’argent ne « ruisselle » pas vers les riches, mais vers le bien public, vers la vraie vie. Comment accepter qu’au XXIe siècle, dans un pays si riche, des gamins meurent dans un amas de ferraille en revenant du collège ? Non, non, non, aucune fatalité !!!

 

Mais plutôt des logiques folles et assoiffées finalement de bénéfices. Alors, une sorte de «crime » ? A chaque catastrophe ressurgissent les mêmes constats, les mêmes questions, les mêmes blablateries (émues ?) des « autorités », les mêmes hypocrisies officielles, les mêmes flots de larmes... Les pleureurs ont fait pourtant le choix de sacrifier, de laisser dégénérer les services publics, les « biens communs », jugés « non rentables », ou de les « marchandiser », ou de les brader au privé.

 

On peut nous opposer que nous spéculons sur la douleur des familles. Non, pas nous, mais certains médias, qui relaient, 24h/24h, les intérêts de spéculateurs irresponsables (dans tous les sens du terme), pour quelques points de mauvais audimat, sans doute. C’est précisément parce que nous partageons cette douleur sans fond que nous accusons une société rendue par les classes dominantes de plus en plus invivable. Nous adressons une forte étreinte solidaire à toutes les familles endeuillées, à toutes les victimes, insupportablement nombreuses. A tous ceux et toutes celles qui vont devoir continuer à vivre, malgré des traumatismes difficiles (impossibles ?) à dépasser.

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Publié le 16/12/2017

Les politiques néolibérales ont fait exploser les inégalités

Cinq chercheurs, réunis autour de Thomas Piketty, ont compilé les données mondiales sur les inégalités et livrent un constat qui dément la théorie du « premier de cordée », chère à Emmanuel Macron.

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Gérer les pages

C’est un travail colossal, qui a mobilisé une centaine de chercheurs à travers le monde, et combiné les données disponibles dans 180 pays. Le « rapport sur les inégalités mondiales 2018 », coordonné par cinq chercheurs réunis autour de Thomas Piketty et publié ce jeudi, tente d’apporter une « information plus rigoureuse et transparente sur les revenus et les patrimoines ».

Premier constat, les inégalités de revenus ont augmenté dans presque toutes les régions du monde ces dernières décennies, mais à des rythmes différents. Elles ont ainsi explosé dans les anciens pays communistes ou « dirigistes » (Russie depuis 1990, puis Chine et Inde après 2000). Elles suivent une courbe plus douce en Europe, où les inégalités de revenu sont également les moins élevées : les 10 % des plus riches captent 37 % du revenu national, contre 61 % au Moyen-Orient, région la plus inégalitaire au monde.

Le rapport met à l’index les conséquences de quatre décennies de politiques néolibérales. Concernant les inégalités de patrimoine, la tendance à la baisse observable depuis un siècle s’est retournée au moment du tournant libéral impulsé depuis les États-Unis.

 

Capture du Rapport sur les inégalités mondiales 2018, laboratoire sur les inégalités mondiales, 2017

Cette inversion de la courbe est due, estime le groupe d’experts, à « l’accroissement des inégalités de revenu et les transferts considérables de patrimoine public au secteur privé ».

Pour un impôt progressif

Preuve supplémentaire de l’impact des doctrines économiques, l’Europe de l’Ouest et les États-Unis, qui affichaient des niveaux d’inégalités de revenu comparables en 1980, se trouvent aujourd’hui « dans des situations radicalement différentes ». La courbe du revenu capté par les 1 % d’ultra-riches est édifiante. Elle s’envole aux États-Unis depuis trente-cinq ans (les 1% les plus riches possèdent un cinquième de la richesse nationale en 2015). Tandis qu’elle augmente faiblement en Europe, au dessus de 10 %.

Cela « s’explique en grande partie par une inégalité considérable en matière d’éducation, associée à une fiscalité de moins en moins progressive », analysent les chercheurs. Remèdes fiscaux néolibéraux, qui ont été appliqués en Europe avec moins de force.

Cette réalité tend également à se durcir, car la croissance profite prioritairement aux plus riches. Le gâteau du revenu mondial a grossi depuis 1980, mais les 1 % des plus riches ont capté à eux seul 27 % des richesses nouvelles, quand les 50 % les plus pauvres se partageaient 12 % du pactole.

Pour empêcher cette fuite en avant, les chercheurs défendent un principe simple : l’impôt progressif. Il a le double mérite de rééquilibrer les richesses, d’une part, et de calmer les ardeurs des plus grosses fortunes : « La progressivité des taux […] décourage les hauts revenus de s’approprier une part toujours plus importante de la croissance en négociant des rémunérations excessives et en concentrant les patrimoines. »

Autrement dit, le parfait contre-pied des politiques conduites actuellement par Donald Trump et Emmanuel Macron, en faveur des plus riches. Les deux Présidents ont fortement baissé l’impôt sur les sociétés et allégé les taxes sur les plus riches (quasi suppression de l’impôt sur les successions aux États-Unis, suppression partielle de l’impôt sur la fortune en France), comme l’a récemment relevé Thomas Piketty sur son blog.

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NB : L’étude se fonde sur une combinaison des données disponibles sur les revenus et patrimoines totaux estimés dans les comptabilités nationales ; les enquêtes déclaratives sur le revenu et le patrimoine des ménages ; les données fiscales issues de l’impôt sur le revenu ; données fiscales et administratives sur les successions et les patrimoines et classements des grandes fortunes. Données consultables sur wir2018.wid.world.


 

par Erwan Manac'h
publié le 14 décembre 2017

 

Publié le 15 décembre : (site d’Ensemble !)

Ordonnances : que s’est-il passé ?

Dans le syndicalisme, parmi les acteurs et actrices des luttes, dans le peuple de gauche, c’est plutôt la morosité qui règne en cette fin d’année 2017. Un espoir de luttes unitaires contre le plan d’agression contre les conquis sociaux n’est pas parvenu à se concrétiser. Les ordonnances sont ratifiées, c’est un nouveau revers politique pour le mouvement ouvrier. Que s’est-il passé et comment peut-on rebondir ?

Il y avait pourtant dès septembre des signes positifs de volonté d’agir. La journée CGT et Solidaires du 12 septembre a été un succès prometteur, avec une ambiance de retour à 2016. Les équipes de Front social avaient accroché l’attention des plus combatifs par des initiatives dès juin et juillet. Le plan anti-social de Macron- le « coup d’état social », a dit Jean-Luc Mélenchon-  visant à anéantir les droits conquis par les luttes populaires en les faisant passer pour ringardes, était globalement rejeté dans les enquêtes d’opinion, avec cependant un doute sur ce qui a été vendu comme un progrès démocratique (les négociations décentralisées, donc apparaissant comme près du terrain). Très tôt, avec les coupes budgétaires, la suppression des APL, de l’ISF, la hausse de la CSG, y compris pour les retraités au-dessus de 1280 euros, c’est l’image du « président des riches » qui s’est imposée. Les députés France Insoumise ont fait un travail de dénonciation efficace, en alliance avec ceux du PCF. L’arène parlementaire s’est transportée sur la place publique. Un débat sérieux parcourait les rangs de Force ouvrière : pourquoi ce qui a été rejeté en 2016 deviendrait-il négociable en 2017, alors que c’est une aggravation ? Dans la CFDT, des équipes militantes affichaient cette fois une volonté de mobiliser, de rester un syndicat d’action et pas de compromission. La CGC était globalement opposée aux ordonnances. Les routiers se sont mobilisés avec succès.

Mais ce climat assez propice à une riposte unitaire, n’est pas parvenu à atteindre une masse critique. Se sont mises  en mouvement les couches les plus politisées du syndicalisme et des secteurs populaires. La majorité du salariat et des précaires n’a pas senti que c’était le moment de se mettre en grève, ou de manifester en masse, ne voyant sans doute pas ce qui pouvait être arraché par la lutte. Il y a donc des mobilisations sociales, parfois très dures, mais sur des objectifs très concrets (hôtels par exemple, ou salariés du RER récemment) avec des victoires partielles. Le mouvement ouvrier organisé et la gauche émiettée ne font pas, dans leur posture nationale, la preuve qu’un mouvement populaire gagnant peut retourner la situation.

Divisions ? Dispersions ?
Il y a deux grandes explications possibles à ce qui se passe. Elles sont en partie entremêlées. Il y a bien sûr la situation syndicale, qui n’est pas parvenue à surmonter les divisions. Il faut en débattre en détail. Mais il y a aussi la conscience diffuse que l’élection de Macron représente un coup contre toute la gauche, et que les rapports de force issus de la campagne présidentielle ne sont pas propices à une amplification politique de ce qui se joue dans les luttes. Certes, Macron n’a pas du tout la cote dans les milieux populaires. Et la gauche antilibérale avait enregistré un grand succès avec le score de Jean-Luc Mélenchon et de la France Insoumise au printemps. Le PS est moribond, mais pas encore remplacé. Il faut bien le constater : aucune force politique nationale à gauche n’est pour le moment en capacité d’incarner à elle seule une alternative gouvernementale. Terrible constat : lorsque la « gauche hollandaise » gouvernait, elle formait un couvercle qui paralysait le pays. Au moins jusqu’à 2016…Mais la transmutation de Hollande en Macron renforce avant tout la multiplicité des droites (certes divisées elles aussi) et laisse donc le peuple de gauche en situation d’expectative ou de crise idéologique non résolue. De quel côté se tourner ?

Le syndicalisme, ou le mouvement social plus largement, enregistrent cette crise du climat politique, tel un sismographe. Le syndicalisme est d’abord marqué par le nouveau paysage politique qu’il n’a pas vu venir, en refusant de se frotter à l’enjeu politique présidentiel (voir notre article dans la revue Contretemps N°35). Macron est un objet non identifié dans la routine des appareils syndicaux, inquiets pour leur survie. Jean-Claude Mailly l’exprime sans fard en expliquant : nous avons fait beaucoup de manifestations en 2016, mais pour FO, qu’en reste-t-il ? Au moins en 2006, l’intersyndicale avait gagné contre le CPE. Mailly a donc cherché une voie moyenne : mettre quelques taquets à l’offensive Macron en préservant le pouvoir de règlementation sociale par les branches. Et au passage, renforcer la place de FO comme contre-poids, prendre la place de la CFDT comme interlocuteur reconnu, et tenter de montrer que le syndicalisme sert encore à quelque chose. Mais c’est là masquer la cohérence stratégique de l’offensive adverse. Pèse aussi le poids présidentiel après une élection : respecter le suffrage universel. On n’ose pas dire que la démocratie n’est pas que représentative, qu’elle est aussi sociale et populaire, avec ses propres codes et traditions, tout aussi légitimes.

La CGT ose le dire et elle a sans doute cherché la reconstitution de l’intersyndicale de 2016 qui avait joué à l’époque un rôle d’opposition politique. Mais elle ne le propose pas clairement, peut-être par souci tactique, ou alors parce qu’en interne, certaines structures CGT ne sont pas sorties des croyances dans un « monde perdu » : celui où il suffirait de vouloir que la CGT « prenne ses responsabilités » hardiment et « sans attendre » les autres. Mais c’est là une illusion de plus en plus dangereuse. Il est d’ailleurs possible que les mobilisations toutes relatives de la dernière journée du 16 novembre, cette fois avec l’engagement officiel de FO, apportent de l’eau au moulin à ce retour vers une CGT auto-suffisante. Sur le thème : on a eu FO et alors ? L’unité syndicale efficace, il est vrai, n’est pas la simple addition des sigles. Pourtant, la seule mobilisation gréviste un peu massive de l’automne a quand même été celle dans la fonction publique le 10 octobre, dans l’unité syndicale complète. Un monde à part ?
L’Union syndicale Solidaires a accepté l’alliance avec les initiatives CGT, tant qu’elles sont tournées vers l’action. Mais la CGT ne veut surtout pas reconnaitre la moindre dynamique commune avec un pôle CGT-Solidaires, ni même d’ailleurs avec la FSU, malgré des liens plus ou moins reconnus mais jamais pris au sérieux. Ainsi un engrenage autobloquant inverse la marche en avant : aucun dessein syndical commun n’existe devant le pays, aucune audace partagée n’est visible. L’espoir de septembre s’est délité, malgré les deux dates prometteuses : le 12 et le samedi 23 septembre, sur lequel nous reviendrons.

Un pacte revendicatif à minima ?
Autre débat compliqué : y avait-il place pour un « paquet » commun d’exigences revendicatives intersyndicales, non pas pour espérer en quelques semaines battre le projet Macron sur le fond, mais pour arracher des dispositions à minima ? Par exemple : indemnités prudhommales préservées par l’appréciation indépendante des juges, interdiction de licencier dans des filiales françaises de groupes mondiaux très bien portants, pas de négociation sans syndicat et refus des pleins pouvoir au patronat dans les petites entreprises, maintien des CHSCT et de tous leurs moyens, etc… Profitant à leur manière du rapport des forces malgré tout établi en septembre, ce sont ces garde-fous qu’on réussis à préserver dans leur branche les syndicats de routiers et les dockers.

Il semble bien que fin août ou début septembre, des rencontres non rendues publiques ont eu lieu entre organisations syndicales. Dans le bulletin Passerelles (www.appeldes100.org/wp.../Passerelles-00-sept-2017-1-ilovepdf-compressed...) de fin novembre 2017, qui organise une table ronde entre syndicalistes, Gérard Aschieri, ancien secrétaire général de la FSU,  fait observer : « la presse a fait  état d'une réunion secrète entre leaders des principales centrales pour se mettre d'accord sur des lignes rouges que le gouvernement ne devait pas franchir dans la rédaction des ordonnances ; outre que toutes les organisations n'ont pas été invitées, pourquoi ne pas avoir rendu publiques ces exigences communes et montrer ainsi la capacité en dépit des divergences d'afficher un souci commun de ne pas accepter n'importe quoi ? ». Cette question mérite d’être discutée. Le chercheur Jean-Marie Pernot avait aussi noté dans une interview au Monde que si la réunion intersyndicale de début octobre n’avait rien donné, c’est parce que « personne ne voulait aboutir ». Le réflexe identitaire primait sur la recherche d’unité concrète. La FSU aussi a noté cette situation dans les réunions, au risque d’apparaitre comme voulant marier les contraires.

Une telle stratégie est-elle possible ?  A tout le moins, le scénario d’un tronc commun intersyndical aurait une certaine visibilité politique, comme ce fut le cas au début de 2009, au moment fort de la crise financière, lorsqu’une telle plate-forme (mais qui était très générale) avait servi de point de départ à des journées de luttes massives au départ.  Mais elles se sont enlisées ensuite dans la confusion, au moment où il fallait être concret face à Sarkozy. Ce scénario comporte aussi un plus grand danger : laisser Macron expliciter la cohérence politique profonde de son projet sans lui opposer d’alternative. Or cette cohérence est acceptée par exemple par la direction CFDT, mais elle veut la co-déterminer, ce dont Macron n’a cure ! Elle l’est aussi cette fois par J. Claude Mailly, qui ne peut pas le dissimuler par des artifices. En tout état de cause, cela nécessiterait une totale indépendance de jugement et d’action, à tout moment, pour le syndicalisme qui veut résister au libéralisme. Rude tâche !

La question est politique au sens fort
Défendre un pacte revendicatif à minima tout en proposant de manière indépendante une alternative globale à Macron est une stratégie difficile. Elle implique une réflexion poussée, mais dont les prémisses existent, par exemple dans les élaborations CGT, Solidaires, FSU, chez des universitaires, dans le Collectif Pour nos droits sociaux (qui rassemble des syndicats, des associations, des partis politiques) constitué autour de la Fondation Copernic, laquelle se fixe l’objectif de « remettre à l’endroit ce que le libéralisme fait tourner à l’envers ». Pendre des initiatives publiques, par des meetings explicatifs, des tribunes de presse, est certainement nécessaire, afin de faire apparaitre un horizon pour les luttes. Une stratégie de lutte ne se réduit pas à des journées un peu répétitives et qualifiées parfois de « saute-mouton ». Animer le débat public fait partie du rapport des forces.  La CGT, ainsi que Solidaires et la FSU, hésitent devant ce pas en avant politique, parfois pour de bonnes raisons : ne pas être à la remorque de stratégies politiques. Mais peut-on éviter d’affronter la question ? Non.

Il est nécessaire que le monde social et syndical envisage une synergie avec les initiatives politiques, et inversement que les forces de gauche opposées à Macron soutiennent ensemble les initiatives syndicales. De tous les côtés, côté syndical comme côté politique, le pluralisme est nécessaire, afin de créer un climat de confiance, où personne n’a le sentiment de passer sous les fourches caudines de l’autre. Le syndicalisme a perdu des forces pendant des dizaines d’années en apparaissant soumis à une logique politique extérieure. Il refusera de recommencer à juste titre.

Les partis politiques ont également le droit de faire des propositions pour le rapport des forces et pour des alternatives. La manifestation initiée par les députés de France insoumise le 23 septembre a été un succès avec des dizaines de milliers de personnes. Elle a montré que dans la société, des secteurs pas toujours irrigués par le monde syndical sont mobilisables, de manière complémentaire. La suite du 23 septembre a fait débat. Si on veut dépasser les méfiances et les situations bloquées, il est d’abord nécessaire que les forces politiques se rassemblent dans un cadre pluraliste pour pouvoir dialoguer avec le syndicalisme. Cela s’est déjà produit dans l’histoire de ce pays. Avec des résultats positifs (Front populaire). C’est ce qu’il faut remettre en discussion dans un contexte radicalement nouveau, où les réponses ne sont sans doute pas les mêmes.

Des droits « universels » ?
Le gouvernement Macron a annoncé le second volet de son coup d’état social : l’assurance-chômage. Le candidat Macron avait laissé entendre un projet de « nationalisation », une mise sous tutelle étatique d’une institution (l’UNEDIC) née en 1958 et fonctionnant selon un système de négociations paritaires, pour définir les droits des chômeurs et les recettes de cotisations, avec ensuite un agrément de l’Etat. Macron fait miroiter une extension des droits aux travailleurs indépendants, auto-entrepreneurs, salariés démissionnaires. II est aussi question d’un « bonus-malus » pour faire payer le coût de la mise au chômage plus directement par les entreprises responsables, ce qui peut correspondre habilement à une revendication syndicale sur la taxation des contrats courts, refusée par le MEDEF. On parle aussi de « droits universels » pour les bénéficiaires, laissant entendre que jusqu’ici les droits étaient trop étroitement professionnels, voire corporatistes. Mais le mot « universel » est en général associé à un système fiscal, qui existe déjà pour le RSA, l’allocation de solidarité spécifique (ASS), c’est-à-dire pour les prestations versées au titre de la « solidarité nationale », depuis que le régime chômage a été coupé en deux dans les années 1980. Aujourd’hui un peu plus de 40% des chômeurs seulement sont indemnisés par l’assurance-chômage. L’Unedic n’a jamais fait partie du régime général de la sécurité sociale mise en place en 1945 (alors que c’était prévu). L’intention des libéraux est clairement de la détacher totalement du principe même de la sécurité sociale basée sur la socialisation des richesses. Pour faire avaler la pilule, ils suppriment même progressivement la cotisation chômage et maladie des salarié-es, mais ils augmentent d’un seul coup la CSG de 1,7% !

Face à ce projet qui devrait être précisé dans les jours à venir, il est clair que le mouvement affaibli des organisations de chômeurs a besoin d’un soutien syndical, associatif et politique. Le Collectif Pour les droits sociaux a soutenu la manifestation des chômeurs du 2 décembre (quelques milliers de personnes) en organisant un meeting à la Bourse du travail. Y ont pris part un grand nombre d’associations, mais aussi des partis politique (EELV, Ensemble, NPA, PCF, PG) et la députée France insoumise Danièle Obono. Les organisations syndicales ont presque toutes fait connaitre au gouvernement leur opposition à une mise en cause du paritarisme (dont les chômeurs sont par ailleurs exclus). Une partie du patronat se dit « non demandeuse » d’une réforme. Aucun plan de mobilisation n’est pour l’heure envisagé au plan syndical. Le Comité confédéral national (CCN) CGT qui s’est tenu en même temps que la journée du 16 novembre a envisagé une nouvelle action « interprofessionnelle », mais sans allusion à l’assurance-chômage.

Tout est donc à construire. Il faut mesurer la portée d’une telle réforme si elle se précise. Couplée aux attaques contre l’assurance-maladie, elle constitue clairement un sabordage de la Sécurité sociale de 1945, auquel s’ajoute pour fin 2018 ou en 2019 une destruction de la retraite basée sur le principe d’un prolongement du salaire (certes imparfait), au profit d’une retraite reflétant pour chaque individu son « patrimoine » de cotisations versées, selon un système assurantiel par points (anticipé par la fusion AGIRC-ARRCO pour les complémentaires).

Il est donc de la responsabilité du mouvement syndical, mais aussi des forces de la gauche antilibérale de construire un plan de mobilisation complémentaire, dont la portée politique est évidente. L’automne 2017 a posé ce débat. Il convient maintenant d’avancer. Ensemble ! propose donc d’examiner comment une action commune peut se construire. Les droits des chômeurs et précaires nous concernent tous et toutes.  La sécurité sociale est notre bien commun. Nous voulons qu’elle soit réellement universelle et gérée par les travailleurs-euses, y compris les chômeurs et précaires.

Jean-Claude Mamet

 

8 décembre 2017

Cuba : plus de coopération médicale que tout le « monde riche » réuni (Cubainformación TV)

Ivena Belén Ruiz, José Manzaneda

Avez-vous lu, dans un des grands médias du « monde libre », que 48 000 coopérants cubains sont actuellement à l’œuvre dans 66 pays du Sud, soit un nombre plus élevé que tous les coopérants des « pays riches » réunis ?

Avez-vous lu, dans notre grande presse, qu’au Venezuela la coopération cubaine a sauvé un million 500 000 vies en douze ans ?

Avez-vous lu qu’en 2017, la Brigade Médicale Cubaine « Henry Reeve » a été récompensée par l’Organisation Mondiale de la Santé pour les soins prodigués à plus de 3 millions 500 000 personnes dans 21 nations ?

Savez-vous que pour combattre l’épidémie d’Ebola, en Afrique, le Secrétaire Général de l’ONU a demandé de l’aide seulement aux États-Unis, à la France, au Royaume Uni et… à Cuba, laquelle a envoyé 256 coopérants médecins ?

Savez-vous que plus de 4 millions de personnes démunies, de 34 nations, ont été opérées gratuitement des yeux grâce au programme solidaire cubano-vénézuelien « Opération Miracle » ?

Eh bien, si vous n’avez pas lu un seul mot de tout cela dans la presse internationale, posez-vous un instant cette seule question : mais pourquoi donc vous le cache-t-on ?

Article de Ivena Belén Ruiz et José Manzaneda pour Cubainformación TV. (site le GrandSoir)

Traduction M. Colinas

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